Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait rassemblés à la hâte. L’émir entra dans le pays de Gibes, et campa dans une vallée du district d’Agousta, entre Djani et le territoire de Gazyr. La nuit suivante et le lendemain matin, il reçut une vive fusillade de plusieurs détachements ennemis qui tenaient les hauteurs. Sa tente fut criblée de balles, et, malgré les instances de son fils Halil, il ne voulut pas changer de position. Lorsque le jour fut plus avancé, la fusillade de l’ennemi devenant plus nourrie, Beschir pensa que les rebelles avaient augmenté leurs forces et voulaient lui fermer le passage. Alors il se leva du tapis sur lequel il était resté pendant la fusillade, monta à cheval et marcha droit à l’ennemi, accompagné de sa petite escorte. À son approche, les insurgés se dispersèrent sans résistance, et il arriva à Gibes, où il prit des mesures énergiques, afin d’empêcher l’accroissement de leurs forces.

Son lieutenant général, le scheik Beschir, qui le suivait à petites journées, passa le fleuve du Chien, et s’empara, avec ses trois mille hommes, des deux premiers villages du Kosrouan, le Yong-Michaël et le Yong-Monsbak, qui se trouvaient sur son passage. Le jour même de cette occupation, les avant-postes arrêtèrent un prêtre qui portait des dépêches à l’évêque Joussef ; le scheik Beschir, ayant lu ces lettres, présenta son kangiar à celui qui les lui avait apportées, et lui ordonna de tuer le prêtre, et de l’enterrer à la place où il avait été arrêté.

Peu d’heures après, un autre messager secret eut le même sort.

Le jour suivant, le scheik Beschir se remit en marche,