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envahit sans obstacle le Kosrouan, et fit étrangler tous ceux que l’émir Beschir avait inscrits sur une note qu’il lui avait envoyée. Il arriva ainsi jusqu’à Gibel-Biscarra, où il joignit le prince, qui venait de Gibes. L’émir Beschir resta neuf jours dans cette province, pendant lesquels il acheva d’étouffer la révolte en faisant pendre et étrangler tous les rebelles de distinction des trois districts de Gibes, du Kosrouan et de Gibel-Biscarra ; on donna la bastonnade à plusieurs autres, de qui on exigea en outre des rançons ruineuses.

Au nombre de ces derniers était un pauvre vieillard de soixante-quinze ans, condamné à 70 bourses ; il ne pouvait les payer : son fils lui écrivit qu’il allait faire un emprunt, en le priant de l’y autoriser ; le vieillard répondit qu’il ne payerait rien, ajoutant des expressions peu bienveillantes pour le prince. La lettre fut interceptée, et le vieillard condamné à la peine des osselets. Cet infortuné, déjà accablé par l’âge, ne put résister à tant de douleur, et lorsque, sur l’ordre du scheik Beschir, il fut rapporté chez lui, il mourut après vingt jours de souffrance. Son fils hérita de la condamnation du père ; ses biens furent confisqués au profit de l’émir, qui ne lui laissa que 1,000 piastres.

L’émir Beschir monta à Éden, passa les Cèdres, et descendit à Balbeck par l’autre côté de la montagne, tandis que le scheik Beschir occupait la province insurgée. En arrivant à Balbeck, le prince ordonna à son lieutenant général de retourner par le même chemin qu’il avait tenu, et de frapper, en passant, les trois provinces d’une contribution de 400 bourses (de 500 pièces chacune).