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déclarait le pacha de Damas déchu de son pachalik, qui était réuni à celui d’Acre. Mais le pacha de Damas s’étant adressé aux pachas voisins et à la cour de Constantinople, celle-ci condamna à mort le pacha d’Acre, et destitua le prince Beschir de son gouvernement. L’émir était déjà aux portes de Damas lorsque le firman arriva : il vit alors que celui d’Abdalla était supposé, et il jugea prudent de se retirer dans la province de Deïr-el-Kammar, d’où, apprenant que le sort d’Abdalla lui était réservé, il alla se réfugier dans les environs de Bayruth, demandant au gouverneur de le recevoir avec son escorte. Celui-ci s’y refusa, prétendant que la présence de l’émir dans la ville y exciterait une sédition. Le prince ayant fait savoir alors à son frère, l’émir Abets, à qui il avait laissé le commandement de la montagne, qu’il voulait revenir dans ses États et tenter la voie des armes contre les pachas envoyés par la Sublime Porte, son frère lui répondit que la montagne était sans vivres et sans argent, et qu’il lui conseillait vivement de ne pas tenter un projet aussi périlleux.

Dans ces tristes conjonctures, le prince tourna encore les yeux vers l’Égypte, et s’adressa à un Franc, le priant de lui faciliter les moyens de quitter la Syrie. M. Aubin le fit embarquer, entre Bayruth et Saïde, sur un bâtiment français qui faisait voile pour Alexandrie. Après son départ, le scheik Beschir et son frère l’émir Abets se liguèrent avec les pachas coalisés, et briguèrent le commandement de la montagne ; ce qui fut la source des divisions qui déchirèrent le Liban en 1823.

Des troupes combinées mirent le siége devant Saint-Jean