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d’Acre en juillet 1822, et le continuèrent sans succès jusqu’en avril 1823, époque à laquelle il fut levé. Alors le jeune pacha d’Acre, extrêmement avare, imagina un moyen de se dispenser du tribut qu’il devait à la Porte. Pour cela, il fit assassiner, près de Latakieh, les officiers qui payaient le tribut, et se fit rendre l’argent par les assassins. Il se plaignit ensuite auprès de la Porte du meurtre commis sur ses agents, et du vol d’une redevance appartenant au Grand Seigneur. Le pacha d’Acre, par cette odieuse conduite, espérait d’abord s’exempter du tribut, et ensuite compromettre le pacha de Latakieh, à qui le Grand Seigneur enverrait le cordon, en réunissant son pachalik à celui d’Acre. Mais Abdalla-Pacha se trompa.

Le Grand Seigneur, informé de la perfidie du pacha d’Acre, demanda sa tête pour la seconde fois. Mais que pouvaient contre Acre les pachas de Damas, d’Alep et d’Adana, avec une armée de douze mille hommes de toutes armes, mal disciplinée, sans artillerie qui pût faire une brèche, n’ayant que quelques pièces de gros calibre auxquelles la grosseur des boulets ne répondait pas ; trois à quatre mille cavaliers sans bagages, et une infanterie qui passait le jour et la nuit à fumer sous la tente ? Aussi Abdalla-Pacha, maître de la première place forte de l’Orient, se prépara-t-il sans crainte à une vigoureuse défense.

Une corvette anglaise, à l’ancre dans la rade, offrit un officier de son bord pour diriger l’artillerie des assiégeants. Les pachas acceptèrent, et mirent les bouches à feu sous ses ordres. Mais, au bout de trois jours, il vit qu’il n’emporterait jamais la place avec des Turcs qui ne voulaient pas