Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/273

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s’approcher des murs avec leurs canons, le seul moyen cependant de faire brèche.

Malgré l’armée des pachas, Abdalla resta en repos. Il n’avait rien à craindre, du côté de la terre, de la part de troupes si mal organisées, et répondait à leurs coups de canon par des coups de fusil, pour montrer combien il méprisait leurs attaques. Il avait de bons soldats bien payés ; les vivres et les munitions de guerre lui arrivaient en abondance par des bâtiments, soit d’Europe, soit d’Asie ; on le soupçonna même d’avoir des intelligences avec les Grecs de la Morée.

L’émir Beschir, qui, à cette époque, était déjà sous la protection du vice-roi d’Égypte, entretenait une correspondance régulière avec Abdalla, qui, par l’entremise de Méhémet-Ali, sollicita la paix et son pardon de la Porte. Si le pacha n’avait rien à craindre du côté de la terre, il devait redouter que le divan de Constantinople, bloquant la place par mer, n’interceptât ses communications avec l’étranger, ce qui eût réduit son peuple à la famine, insurgé ses soldats, et l’eût forcé lui-même à tendre le cou au cordon de la Sublime Porte. Le divan lui pardonna, sachant qu’Abdalla aurait pu livrer la place aux insurgés de la Morée ; mais il le condamna à une amende de 3,000 bourses et aux frais de la guerre.

Le vice-roi, ayant obtenu la grâce d’Abdalla-Pacha, demanda aussi et obtint celle de l’émir Beschir, qui reprit son commandement. Il profita de cette circonstance pour faire sentir son crédit au divan, et pour prendre une influence