Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/442

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

communions chrétiennes, qui se le disputent, sont bien loin d’y garder elles-mêmes. Ils veillent à ce que la relique commune de tout ce qui porte le nom de chrétien soit préservée pour tous, afin que chaque communion jouisse, à son tour, du culte qu’elle veut rendre au saint tombeau. Sans les Turcs, ce tombeau que se disputent les grecs et les catholiques, et les innombrables ramifications de l’idée chrétienne, aurait déjà été cent fois un objet de lutte entre ces communions haineuses et rivales, aurait tour à tour passé exclusivement de l’une à l’autre, et aurait été interdit, sans doute, aux ennemis de la communion triomphante. Je ne vois pas là de quoi accuser et injurier les Turcs. Cette prétendue intolérance brutale, dont les ignorants les accusent, ne se manifeste que par de la tolérance et du respect pour ce que d’autres hommes vénèrent et adorent. Partout où le musulman voit l’idée de Dieu dans la pensée de ses frères, il s’incline et il respecte. Il pense que l’idée sanctifie la forme. C’est le seul peuple tolérant. Que les chrétiens s’interrogent, et se demandent de bonne foi ce qu’ils auraient fait si les destinées de la guerre leur avaient livré la Mecque et la Kaaba. Les Turcs viendraient-ils de toutes les parties de l’Europe et de l’Asie y vénérer en paix les monuments conservés de l’islamisme.

Au bout de ce vestibule, nous nous trouvâmes sous la large coupole de l’église. Le centre de cette coupole, que les traditions locales donnent pour le centre de la terre, est occupé par un petit monument renfermé dans le grand, comme une pierre précieuse enchâssée dans une autre. Ce monument intérieur est un carré long, orné de quelques pilastres, d’une corniche et d’une coupole de marbre, le tout