Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/443

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de mauvais goût et d’un dessin tourmenté et bizarre ; il a été reconstruit, en 1817, par un architecte européen, aux frais de l’Église grecque, qui le possède maintenant. Tout autour de ce pavillon intérieur du sépulcre, règne le vide de la grande coupole extérieure ; on y circule librement, et on trouve, de piliers en piliers, des chapelles vastes et profondes qui sont affectées chacune à un des mystères de la passion du Christ ; elles renferment toutes quelques témoignages réels ou supposés des scènes de la rédemption ; la partie de l’église du Saint-Sépulcre qui n’est pas sous la coupole est exclusivement réservée aux Grecs schismatiques ; une séparation en bois peint, et couverte de tableaux de l’école grecque, divise cette nef de l’autre. Malgré la bizarre profusion de mauvaises peintures et d’ornements de tous genres dont les murs et l’autel sont surchargés, son ensemble est d’un effet grave et religieux ; on sent que la prière, sous toutes les formes, a envahi ce sanctuaire, et accumulé tout ce que des générations superstitieuses, mais ferventes, ont cru avoir de précieux devant Dieu ; un escalier taillé dans le roc conduit de là au sommet du Calvaire, où les trois croix furent plantées : le Calvaire, le tombeau, et plusieurs autres sites du drame de la rédemption, se trouvent ainsi accumulés sous le toit d’un seul édifice d’une médiocre étendue ; cela semble peu conforme aux récits des évangiles, et l’on est loin de s’attendre à trouver le tombeau de Joseph d’Arimathie taillé dans le roc hors des murs de Sion, à cinquante pas du Calvaire, lieu des exécutions, renfermé dans l’enceinte des murailles modernes ; mais les traditions sont telles, et elles ont prévalu. L’esprit ne conteste pas sur une pareille scène, pour quelques pas de différence entre les vraisemblances historiques et les tradi-