Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/176

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Quelques voyageurs et quelques écrivains arabes attribuent ces constructions primitives à Salomon, trois mille ans avant notre âge. Il bâtit, dit-on, Tadmor et Balbek dans le désert. L’histoire de Salomon remplit l’imagination des Orientaux ; mais cette supposition, en ce qui concerne au moins les constructions gigantesques d’Héliopolis, n’est nullement vraisemblable. Comment un roi d’Israël, qui ne possédait pas même un port de mer à dix lieues de ses montagnes, qui était obligé d’emprunter la marine d’Hiram, roi de Tyr, pour lui apporter les cèdres du Liban, aurait-il étendu sa domination au delà de Damas et jusqu’à Balbek ? comment un prince qui, voulant élever le temple des temples, la maison du Dieu unique dans sa capitale, n’y employa que des matériaux fragiles, et qui ne purent résister au temps ni laisser aucune trace durable, aurait-il pu élever, à cent lieues de son peuple, dans des déserts inconnus, des monuments bâtis en matériaux impérissables ? n’aurait-il pas plutôt employé sa force et sa richesse à Jérusalem ? et que reste-t-il à Jérusalem qui indique des monuments semblables à ceux de Balbek ? rien : ce ne peut donc être Salomon. Je crois plutôt que ces pierres gigantesques ont été remuées, soit par ces premières races d’hommes que toutes les histoires primitives appellent géants, soit par les hommes antédiluviens. On assure que, non loin de là, dans une vallée de l’Anti-Liban, on découvre des ossements humains d’une grandeur immense : ce bruit a une telle consistance parmi les Arabes voisins, que le consul général d’Angleterre en Syrie, M. Farren, homme d’une haute instruction, se propose d’aller incessamment visiter ces sépulcres mystérieux. Les traditions orientales, et le monument même élevé sur la soi-disant tombe de Noé, à peu de distance de