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gardent de mauvais œil, et passent sans nous saluer. Les enfants nous crient des paroles injurieuses. Dans un second village, à deux heures du premier, nous achetons avec peine quelques poules et un peu de riz pour le dîner de la caravane. Nous campons, à six heures du soir, dans un champ élevé au-dessus d’une gorge de montagne, qui descend vers un fleuve que nous voyons briller de loin. Il y a un petit torrent qui coule en bondissant dans la gorge, et où nous abreuvons nos chevaux. Le climat est rude encore. Devant nous, à l’embouchure de la gorge, s’élèvent des pics de rochers groupés en pyramides, et qui se perdent dans le ciel. Aucune végétation sur ces pics. Couleur grise ou noire du rocher, contrastant avec l’éclatante limpidité du firmament où ils plongent.




1er avril 1833.


Monté à cheval à six heures du matin. Journée superbe. — Voyagé tout le jour, sans halte, entre des montagnes escarpées, séparées seulement par des gorges étroites, où roulent des torrents de neige fondue. — Pas un arbre, pas une mousse sur les flancs de ces montagnes. Leurs formes bizarres, heurtées, concassées, figurent des monuments humains. L’une d’elles s’élève immense et à pic de tous les côtés, comme une pyramide : elle peut avoir une lieue de cir-