Nous revenons par le côté septentrional de la mer Morte,
du côté de la vallée de Saint-Saba. Le désert est beaucoup
plus accentué dans cette partie : il est labouré de vagues de
terre et de sable énormes, qu’il nous faut à tout moment
tourner ou franchir. La file de notre caravane se dessine
onduleusement sur le dos de ses vagues, comme une longue
flotte sur une grosse mer, dont on aperçoit tour à tour et
dont on perd les différents bâtiments dans les plis de la
vague.
Après trois heures de route, quelquefois sur de petites plaines unies où nous courons au galop, quelquefois sur le bord de profonds ravins de sable où roulent quelques-uns de nos chevaux, nous apercevons devant nous la fumée des maisons de Jéricho. Les Arabes se détachent, et s’enfuient vers cette fumée. Deux seulement restent avec nous pour nous montrer la route. En approchant de Jéricho, les principaux d’entre les Arabes reviennent au-devant de nous. Nous campons au milieu d’un champ ombragé de quelques palmiers, et où coule une petite rivière. Nos tentes sont promptement dressées, et nous trouvons un souper préparé, grâces aux présents de tout genre que les Arabes ont apportés à notre camp. L’Arabe qui montait le beau cheval que je désirais emmener avait paru admirer lui-même le cheval turcoman que j’avais monté la veille. La conversation,