Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/306

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heureusement me rend inhabile à exprimer ce que ces lieux et ces cérémonies doivent inspirer ; tout pour moi se résumait dans un profond et douloureux attendrissement. Une femme arabe, qui vint faire baptiser son nouveau-né sur l’autel de la Crèche, ajouta encore à mon émotion. Après la messe nous rentrons dans le couvent, non plus par le souterrain, mais par un escalier large et commode qui aboutit à la croix de l’église, derrière le mur de séparation dont j’ai parlé ; cet escalier appartenait autrefois aux deux communions grecque et latine : maintenant les Grecs seuls en jouissent, et nous entendîmes les plaintes énergiques des pères de Bethléem sur cette usurpation ; ils voulaient nous charger de faire valoir leurs réclamations en Europe, et nous eûmes de la peine à leur persuader que, quoique Français, nous n’avions point d’autorité pour leur faire rendre justice.

» Les deux nefs latérales qui formaient la croix de l’ancienne église sont constituées en chapelles particulières ; l’une appartient aux Arméniens, l’autre aux Latins. Au centre est le maître-autel, placé immédiatement au-dessus de la grotte ; le chœur en est séparé par une grille et un pan de boiserie dorée qui cache le sanctuaire des Grecs.

» L’église grecque en Orient est bien plus riche que l’église romaine : chez ceux-ci tout est humble et modeste, chez ceux-là tout est brillant et fastueux ; mais la rivalité qui naît de leur position respective produit une impression extrêmement pénible ; on gémit de voir la chicane et la discorde dans les lieux qui ne devraient inspirer que la charité et l’amour.