Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/307

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» La construction primitive de l’église est attribuée à sainte Hélène, ainsi que la plupart des édifices chrétiens de la Palestine. On objecte, il est vrai, que, parvenue déjà à un âge avancé lorsqu’elle visita la Syrie, elle n’a pu faire exécuter de si nombreux travaux ; mais la pensée ne demande ni temps ni espace ; il me semble que sa volonté créatrice et son zèle pieux ont pu présider à des monuments commencés par ses ordres, et terminés après sa mort. Nous rentrons dans le couvent ; un excellent repas nous est offert dans le réfectoire par le bon père supérieur, que nous quittons avec regret, voulant profiter des heures qui nous restent pour visiter les alentours. — En descendant vers la plaine, on nous montre une grotte où la tradition veut que la sainte Vierge se soit retirée au moment de son départ pour l’Égypte. Sur quelques hauteurs qui dominent Bethléem, on voit des restes de tours qui marquent différentes positions du camp des croisés, et qui portent les noms de ces héros. Nous les laissons à gauche et nous descendons par des chemins rudes et pénibles.

» Après une heure de marche, nous arrivons à une petite vallée étroite et encaissée, arrosée par un limpide ruisseau. C’est le jardin de Salomon, l’hortus conclusus, chanté dans le Cantique des cantiques : effectivement, entre les cimes rocheuses des montagnes qui l’environnent de toutes parts, ce seul endroit offre des moyens de culture, et cette vallée est en tout temps un jardin délicieux, cultivé avec le plus grand soin, et présentant, dans sa belle et humide verdure, le contraste le plus frappant avec l’aridité pierreuse de tout ce qui l’entoure. Elle peut avoir une demi-lieue de long. Nous suivons le cours serpentant du ruisseau ombragé des