Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/308

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saules, tantôt longeant ses bords gazonnés, tantôt baignant les pieds de nos chevaux dans ses eaux transparentes sur les cailloux polis du fond, quelquefois passant d’une rive à l’autre sur une planche de cèdre ; et nous arrivons sous des rochers qui ferment naturellement la vallée. Un paysan cultivateur s’offre à nous servir de guide pour les gravir ; mais à condition que nous mettrons pied à terre, et donnerons nos montures à conduire à ses garçons, qui, par de longs détours, nous les ramèneront au sommet.

» Nous prenons à droite, et nous montons péniblement pendant une heure ; arrivés sur la hauteur, nous y trouvons les plus beaux restes d’antiquités que nous ayons encore vus : trois immenses citernes, creusées dans le roc vif et suivant la pente de la montagne, l’une au-dessus de l’autre, en terrasse ; les parois aussi nettes, les arêtes aussi vives que si elles venaient d’être terminées ; leurs bords, couverts de dalles comme un quai, résonnaient sous les pieds des chevaux. Ces beaux bassins, remplis d’une eau diaphane, sur le sommet d’une montagne aride, étonnent, et inspirent une haute idée de la puissance qui a conçu et exécuté un si vaste projet ; aussi sont-ils attribués à Salomon. Pendant que je les contemple, mes compagnons de voyage les mesurent, et les trouvent chacun d’environ quatre cents pieds sur cent soixante-quinze ; le premier est le plus long, le dernier le plus large : il a deux cents pieds au moins d’ouverture ; ils vont en s’agrandissant jusqu’au sommet ; au-dessus de la plus élevée de ces citernes gigantesques, une petite source, cachée sous quelques touffes de verdure, est le fons signatus de la Bible, et alimente seule ces réservoirs, qui se déversaient anciennement dans des aqueducs conduisant