Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/342

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maisons de la ville faisaient briller la vaste colline de toutes les couleurs d’un jardin de fleurs ; aucun bruit ne sortait des rues ; aucune grille des innombrables fenêtres ne s’ouvrait ; aucun mouvement ne trahissait l’habitation d’une si grande multitude d’hommes : tout semblait endormi sous le soleil brûlant du jour ; le golfe seul, sillonné en tout sens de voiles de toutes formes et de toutes grandeurs, donnait signe de vie. Nous voyions à chaque instant déboucher de la Corne-d’Or (ouverture du Bosphore), du vrai port de Constantinople, des vaisseaux à pleines voiles qui passaient à côté de nous en fuyant vers les Dardanelles ; mais nous ne pouvions apercevoir l’entrée du Bosphore, ni comprendre même sa position. Nous dînons sur le pont, en face de ce magique spectacle ; des caïques turcs viennent nous interroger, et nous apporter des provisions et des vivres ; les bateliers nous disent qu’il n’y a presque plus de peste. J’envoie mes lettres à la ville ; à sept heures, M. Truqui, consul général de Sardaigne, accompagné des officiers de sa légation, vient nous rendre visite, et nous offrir l’hospitalité dans sa maison à Péra ; il n’y a aucune possibilité de trouver un logement dans la ville, récemment incendiée ; la cordialité obligeante et l’attrait que nous inspire, dès le premier abord, M. Truqui, nous engagent à accepter. Le vent contraire régnant toujours, les bricks ne peuvent lever l’ancre ce soir : nous couchons à bord.