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Juillet.


Départ de la flotte et de l’armée russes. Ils savent maintenant le chemin ; ils ont accoutumé les yeux des Turcs à les voir. Le Bosphore reste désert et inanimé.

Mes chevaux arabes arrivent par l’Asie Mineure. Tedmor, le plus beau et le plus animé de tous, a péri à Magnésie, presque au terme de la route. Les saïs l’ont pleuré, et pleurent encore en me racontant sa fin. Il avait fait l’admiration de toutes les villes de la Caramanie où il avait passé. Les autres sont si maigres et si fatigués, qu’il leur faudrait un mois de repos pour être en état de faire le voyage de la Turquie d’Europe et de l’Allemagne. Je vends les deux plus beaux à M. de Boutenieff pour les haras de l’empereur de Russie, et les trois autres à différentes personnes de Constantinople. Je regretterai toujours Tedmor et Saïde.

Je viens de faire un marché avec des Turcs de Stamboul et du faubourg d’Eyoub, possesseurs de ces voitures qui portent les femmes dans les rues de Constantinople ; ils me louent cinq arabas, attelés chacun de quatre chevaux, pour conduire, en vingt-cinq jours de marche, à Belgrade, ma femme et moi, M. de Capmas, mes domestiques et nos bagages. Je loue deux Tartares pour diriger la caravane ; des moukres, conducteurs de mulets, pour porter les lits, la cuisine, les caisses de livres, etc. ; et enfin six chevaux de