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23 septembre 1833.


L’histoire de ce peuple devrait se chanter et non s’écrire. C’est un poëme qui s’accomplit encore. J’ai recueilli les principaux faits, sur les lieux, de la bouche de nos amis de Belgrade, qui viennent nous visiter à la grille du lazaret. Assis sous un tilleul, sur l’herbe où flotte le beau et doux soleil de ces contrées, au murmure voisin des flots rapides du Danube, à l’aspect des beaux rivages et des vertes forêts qui servent de remparts à la Servie du côté de la Hongrie, ces hommes, au costume semi-oriental, au visage mâle et doux des peuples guerriers, me racontent simplement les faits auxquels ils ont pris tant de part[1]. Quoique jeunes encore et couverts de blessures, ils semblent avoir oublié entièrement la guerre, et ne s’occupent que d’instruction publique, d’écoles pour le peuple, d’améliorations rurales et administratives, de progrès à faire dans la législation ; modestes et zélés, ils profitent de toutes les occasions qui se présentent pour perfectionner leurs institutions naissantes : ils interrogent les voyageurs, les retiennent le

  1. J’ai eu depuis des détails plus circonstanciés et plus authentiques sur l’histoire moderne de la Servie, et je dois à l’obligeance d’un voyageur qui m’a précédé et que j’avais rencontré à Jaffa en Palestine, M. Adolphe de Caraman, la communication de ces notes sur la Servie, notes recueillies par lui pendant un séjour chez le prince Milosch. Ces notes bien plus dignes que les miennes de fixer l’attention du public par le talent et la conscience avec lesquels elles sont rédigées, étaient accompagnées d’une traduction de l’histoire des Serviens par un Servien.