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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/145

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les personnes présentes s’intéressant à la négociation, il fut décidé que Hassan payerait trois cents piastres aux parents du mort. Lorsqu’on vint à lui demander l’argent, il répondit qu’il ne l’avait pas sur lui, mais qu’il l’apporterait sous peu de jours ; et comme on faisait difficulté de le laisser partir sans caution : — « Je n’ai pas de gage à donner, ajouta-t-il ; mais Celui-là répondra pour moi, dont je n’ai pas voulu profaner le nom par un faux serment. » Il partit, et quatre jours après il revint, amenant quinze moutons qui valaient plus de vingt piastres chacun. Ce trait de bonne foi et de générosité nous charma et nous surprit en même temps. Nous voulûmes lier connaissance avec Hassan : Scheik-Ibrahim l’invita à venir chez lui, lui fit quelques cadeaux, et par ce moyen nous devînmes amis intimes. Il nous apprit qu’il était de la tribu El-Ammour, dont le chef s’appelle Soultan-el-Brrak. Cette tribu, composée de cinq cents tentes, est considérée comme faisant partie du pays, parce qu’elle ne quitte pas les bords de l’Euphrate, alors que les grandes tribus s’éloignent. Elle vend des moutons, des chameaux et du beurre à Damas, Homs, Hama, etc. Les habitants de ces diverses villes ont souvent un intérêt dans ses troupeaux.

Un jour, nous dîmes à Hassan que nous voulions aller à Palmyre vendre les marchandises qui nous restaient, mais qu’on nous avait effrayés sur les dangers de la route. S’étant offert de nous y conduire, il fit devant le scheik un billet par lequel il répondait de tout ce qui pourrait nous arriver de fâcheux. Persuadés que Hassan était un homme d’honneur, nous acceptâmes sa proposition.