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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/176

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parvenir jusqu’au drayhy, et pour cela il faut absolument que vous passiez pour un Bédouin. Laissez croître votre barbe, habillez-vous comme eux, et imitez leurs usages. Ne me demandez aucune explication ; souvenez-vous de nos conditions. »

« — Que Dieu nous donne la force ! » fut ma seule réponse.

Vingt fois je fus sur le point d’abandonner une entreprise dont je voyais tous les périls sans en connaître le but. Ce silence imposé, cette obéissance aveugle, m’étaient insupportables. Cependant l’envie d’arriver au résultat, et mon attachement pour M. Lascaris, me firent prendre patience.

À l’époque convenue, Hettall étant arrivé avec trois chameaux et deux guides, nous partîmes le 15 mars 1811, un an et vingt-huit jours après notre premier départ d’Alep. La tribu était dans un endroit appelé Misarib, à trois journées de Damas. Il ne nous arriva rien de remarquable en route. Nous passâmes les nuits à la belle étoile ; et le troisième jour, au coucher du soleil, nous étions au milieu des tentes de Would-Ali. Le coup d’œil en était charmant. Chaque tente était entourée de chevaux, de chameaux, de chèvres et de moutons, avec la lance du cavalier plantée à l’entrée ; celle de l’émir Douhi s’élevait au centre. Il nous reçut avec toutes les prévenances possibles, et nous fit souper avec lui. C’est un homme de tête, également craint et aimé des siens. Il commande à cinq mille tentes, et à trois tribus, qui se sont jointes à lui, savoir : celle de Benin-Sakhrer, celle de El-Serhaan et celle de El-Sarddié. Il a