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pas un grain de moutarde. J’abaisserai votre drapeau, et je purifierai la terre de vous et de votre renégat de fils Nasser. Quant au territoire que vous réclamez, le sabre en décidera. Bientôt je me mettrai en route pour vous exterminer. Hâtez-vous : la guerre est déclarée. »

Alors m’adressant au drayhy : « J’ai un conseil à vous donner, lui dis-je. Vous êtes étranger ici ; vous ignorez quel parti prendront les tribus du pays. Mehanna est aimé des Bédouins et soutenu par les Turcs ; vous allez commencer la guerre sans connaître le nombre de vos ennemis. Si vous essuyez une première défaite, tous se ligueront contre vous, et vous ne serez pas en force pour y résister. Envoyez donc un message aux scheiks des environs pour leur annoncer que vous venez détruire les tentes de Melkghem, afin de les délivrer du joug des Osmanlis, et pour leur demander de se prononcer. Connaissant ainsi vos forces, vous pourrez les comparer aux siennes et agir en conséquence. » — « Vous êtes véritablement un homme de bon conseil, » répondit le drayhy enchanté de mon idée. — « Je ne suis rien par moi-même, repris-je : c’est grâce à mon maître si je sais quelque chose ; c’est lui qui est un homme plein de sagesse et de connaissances, très-versé dans les affaires ; lui seul est capable de vous donner des conseils. Vous seriez enchanté de lui, si vous pouviez le connaître. Je suis sûr que s’il était avec vous, aidé par sa sagacité, vous deviendriez le chef de tous les Bédouins du désert. » — « Je vais à l’instant même envoyer cent cavaliers le chercher, » s’écria vivement le drayhy. — « Nous sommes encore trop loin, lui dis-je. Le voyage serait pé-