Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/261

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Le coucher du soleil suspendit le combat, mais il y eut beaucoup de monde tué de part et d’autre.

Le lendemain, nous reçûmes un renfort : la tribu El-Hadidi arriva. Elle était forte de quatre mille hommes, tous montés sur des ânes et armés de fusils. Nous fîmes le dénombrement de nos forces : elles s’élevaient à quatre-vingt mille hommes ; les Wahabis en avaient cent cinquante mille : aussi le combat du lendemain fut-il à leur avantage, et le bruit de notre défaite, exagérée comme il arrive toujours en pareil cas, se répandit à Hama, et jeta l’épouvante parmi les habitants. Le surlendemain, ils furent rassurés sur notre compte, et, durant vingt jours, des alternatives de bonne et de mauvaise fortune éprouvèrent notre constance. Les combats devenaient plus terribles de jour en jour. Le quinzième, nous eûmes à combattre un nouvel ennemi plus redoutable que les Wahabis : la famine. La ville de Hama, qui seule pouvait fournir à la subsistance des deux armées, s’épuisait, ou cachait ses ressources. Les Turcs prenaient la fuite ; nos alliés se dispersaient pour ne pas mourir de faim. Les chameaux, formant les remparts du camp, se dévoraient entre eux. Au milieu de ces affreuses calamités, le courage d’Arkié ne faiblit pas un instant. Les plus braves de nos guerriers se faisaient tuer à ses côtés. Elle ne cessait de les encourager, de les exciter, et d’applaudir à leurs efforts. Elle animait les vieillards en louant leur valeur et leur expérience ; les jeunes gens, par la promesse d’épouser celui qui lui apporterait la tête d’Abdallah-el-Hédal. Me tenant continuellement près de son haudag, je voyais tous les guerriers se présenter à elle pour avoir des paroles d’encouragement, et s’élancer ensuite dans