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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/287

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m’empêcha de fermer l’œil : je n’attendais à chaque instant à voir un énorme serpent se glisser sous ma tente, et dresser sa tête menaçante à mon chevet.

Le lendemain, nous atteignîmes une tribu considérable, tributaire des Wahabis ; elle venait de Samarcande. Nous cachâmes soigneusement nos pipes, car Ebn-Sihoud défend sévèrement de fumer, et punit de mort toute infraction à ses ordres. L’émir Medjioun nous donna l’hospitalité, mais ne put contenir sa surprise de notre hardiesse à nous mettre ainsi à la merci du Wahabi, dont il nous peignit le caractère féroce en termes effrayants. Il ne nous dissimula pas que nous courions de grands dangers, Ebn-Sihoud ne se faisant aucun scrupule d’employer de fausses promesses pour user ensuite de trahison infâme. Le drayhy, qui, plein de loyauté, s’était avancé sur la foi de l’invitation du roi, sans s’imaginer qu’on pût manquer à sa parole, commença à se repentir de sa crédule confiance ; mais, sa fierté l’empêchant de reculer, nous continuâmes notre voyage. Nous eûmes bientôt atteint le Nedgde, pays entrecoupé de vallons et de montagnes, et couvert de villes et de villages, outre une multitude de tribus errantes. Les villes paraissent fort anciennes, et attestent une population primitivement plus nombreuse et plus riche que celle qui les occupe maintenant. Les villages sont peuplés de Bédouins cultivateurs ; le sol produit en abondance du blé, des légumes, et surtout des dattes. On nous raconta que les premiers habitants de ce pays l’abandonnèrent pour aller s’établir en Afrique sous la conduite d’un de leurs princes, nommé Beni-Hétal.

Nous trouvâmes partout une franche hospitalité, mais