Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/294

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« J’ai bien de la peine, reprit-il, à croire tout ce qu’on a dit de vous : je veux que vous me répondiez franchement. Quel est le but de cette alliance à laquelle vous travaillez depuis plusieurs années ?

» — Ce but est bien simple, lui répondis-je. Nous avons voulu réunir tous les Bédouins de la Syrie sous le commandement du drayhy, pour résister aux Turcs ; vous voyez que nous formions ainsi une barrière impénétrable entre vous et vos ennemis.

» — Fort bien, dit-il ; mais s’il en est ainsi, pourquoi avez-vous cherché à détruire mes armées devant Hama ?

» — Parce que vous étiez un obstacle à nos projets, repris-je : ce n’était pas pour vous, mais pour le drayhy, que nous travaillions ; son pouvoir une fois affermi dans la Syrie, la Mésopotamie et jusqu’à la Perse, nous voulions faire alliance avec vous, et devenir, par ce moyen, invulnérables dans la possession de notre liberté absolue. Enfants de la même nation, nous devons défendre la même cause : c’est à cette fin que nous sommes venus ici pour former avec vous une union indissoluble. Vous nous avez reçus d’une manière offensante, et le drayhy vous l’a reproché en termes offensants à son tour ; mais nos intentions sont franches, et nous l’avons prouvé en venant sans armes nous confier à votre loyauté. »

La physionomie du roi s’éclaircissait à mesure que je parlais, et lorsque j’eus fini il me dit :

« Je suis content. »