Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/318

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sabre, et de revenir leur rendre sa tête le sixième jour. Les scheiks consentent à son désir ; mais les enfants d’Hassan réclament une caution, non pas une caution d’or, mais une caution de vie et de sang qui réponde de sa vie et de son sang. « Hélas ! s’écrie Hamzi, je suis étranger parmi vous : qui voudrait me cautionner contre la mort ? » Les enfants d’Hassan répondent d’une seule voix : « Nous ne pouvons laisser boire au sable, comme de l’eau, le sang de notre père. Il s’élèverait en criant, et retomberait sur nous. Il nous faut une tête en otage de la tienne. »

» Hamzi ramasse son courage dans son cœur. Il parcourt en désespéré les tentes de la tribu, en criant d’une voix lamentable : « Où sont parmi vous les hommes de pitié et de miséricorde ? » Mais partout les visages se détournent, et les tentes se ferment sur son passage. Enfin, un jeune homme s’avance et lui dit : « C’est moi, Ali, qui serai ta caution ; pars, et va dire adieu à ta famille : mais souviens-toi que tu emportes ma tête avec toi. » Il se présente devant le cadi, et jure de se livrer à la justice, si Hamzi n’est pas de retour avant le coucher du soleil du sixième jour ; puis se retournant vers Hamzi : « Souviens-toi, lui dit-il, de ta parole, et ne mens pas à Dieu que tu as invoqué. » Hamzi renouvelle son serment : « Par la foi des Arabes, la race de mes pères et la mienne, s’écrie-t-il, je ne mentirai pas à ma parole. Qu’il m’entende, le Dieu qui venge les parjures ! » Aussitôt les rangs s’ouvrent devant lui, on lui amène un cheval équipé d’avance, et il part au galop comme un homme qui sent la mort derrière lui.

» Arrivé dans sa tribu, Hamzi rassemble sa famille et ses