Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/319

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troupeaux en caravane, et il repart sans s’arrêter pour le camp de la tribu, dans l’espoir de la fléchir par les prières de ses enfants et par la rançon de ses richesses. Le sixième jour, il arrive dans la plaine qu’il avait laissée couverte de ses tentes ; mais il la trouve vide et déserte. La tribu avait levé son camp et poursuivi sa route, car ses troupeaux avaient dévoré les pâturages de toute la contrée. Hamzi, suivi du groupe de suppliants qu’il traîne derrière lui, la suit à la trace de ses pas d’hommes et d’animaux sur le sable.

» Mais, à la fin du sixième jour, les enfants d’Hassan étaient venus dire à Ali : « Vois, le soleil se couche ; accomplis ton serment, et meurs à la place de l’étranger. » Ali avait répondu : « Mon sang vous appartient : que Dieu le redemande au parjure qui m’a trompé ! » Mais sa famille avait éclaté en plaintes et en lamentations, et elle avait obtenu un délai de trois jours pour les derniers adieux. Le septième jour, Hamzi arrive ; il offre tous ses trésors aux enfants d’Hassan pour racheter sa vie ; ses fils et ses filles embrassent leurs genoux en pleurant : mais ils restent sourds et inflexibles. L’arrêt est porté, il faut que leur sabre tranche sa tête. Ali intervient : « Vous m’aviez accordé trois jours de sursis, leur dit-il ; il est juste que l’étranger en profite. » Les scheiks, consultés, trouvent cette demande équitable, et ils ordonnent aux fils d’Hassan d’attendre trois jours encore. Ali emmène Hamzi sous sa tente ; il veut être son hôte comme il a été son otage.

» Le soir du deuxième jour, une heure avant le coucher du soleil, un nuage de poussière s’élève à l’horizon ; il se