Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/367

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« Comment nier l’amour que je porte à Ablla, quand mes larmes témoignent de la douleur que me cause son absence ? Loin d’elle, le feu qui me dévore devient chaque jour plus ardent ; je ne saurais cacher des souffrances qui se renouvellent sans cesse.

» Ma patience diminue pendant que mon désir de la revoir augmente.

» À Dieu seul je me plains de la tyrannie de mon oncle, puisque personne ne me vient en aide.

» Mes amis, l’amour me tue, moi si fort, si redoutable.

» Ô fille de Mallek, je défends le sommeil à mon corps fatigué : pourrait-il d’ailleurs s’y livrer sur un lit de braise ?

» Je pleure tant, que les oiseaux même connaîtront ma douleur, et pleureront avec moi.

» Je baise la terre où vous étiez ; peut-être sa fraîcheur éteindra-t-elle le feu de mon cœur.

» Ô belle Ablla, mon esprit et mon cœur sont égarés, pendant que vos troupeaux restent en sûreté sous ma garde.

» Ayez pitié de mon triste état : je vous serai fidèle jusqu’à l’éternité.

» En vain mes rivaux se réjouissent, mon corps ne goûtera aucun repos. »