Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/374

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ment. — Allons, dirent tous les Arabes, faites comme il vous plaira, car nous ne pouvons nous y opposer. » (Tel était l’usage alors en Arabie.) On amena la jument, et on la lia à terre devant le plaignant, qui, après avoir relevé ses manches jusqu’aux épaules, mouilla ses mains dans un vase d’eau en y mêlant de l’argile, puis se mit à frapper les flancs de la jument, dans l’intention de détruire ce dont Dieu avait ordonné l’existence. Cela fait, il retourna plus calme chez lui.

Malgré cela, la jument Helweh conçut heureusement, et, au bout d’un an moins quelques jours, elle mit au monde un poulain parfait. En le voyant, le maître de la jument ressentit une grande joie, et lui donna le nom de Dahis (qui est frappé), pour faire allusion à ce que Jabir avait fait.

Le poulain, en grandissant, devint encore plus beau que son père Ocab. Il avait la poitrine large, le cou long, les sabots durs, les narines bien ouvertes ; sa queue balayait la terre, et son caractère était doux ; enfin, c’était l’animal le plus parfait que l’on eût jamais vu. On l’éleva avec grand soin, et sa taille fut telle, qu’il devint comme l’arc d’un palais. Enfin, un jour que la jument Helweh, suivie de son poulain, allait du côté du lac, Jabir, le possesseur d’Ocab, les aperçut par hasard. Il s’empara du jeune cheval et l’emmena, laissant sa mère regretter sa perte. Pour Jabir, il disait : « Ce poulain m’appartient, et j’ai sur lui un droit mieux établi que celui de qui que ce soit. »

La nouvelle de cet enlèvement parvint bientôt au maître