Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/388

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vous, ô chefs arabes, si vous désirez vraiment que la course se fasse, assistez-y avec justice et impartialité ; autrement, par les yeux de ma chère Ablla, je ferai marcher les chevaux dans le sang ! — Antar a raison ! » s’écrièrent de tous côtés les cavaliers.

Hadifah choisit alors, pour monter sa jument Ghabra, un écuyer de la tribu de Dibyan. Cet homme avait passé tous les jours et une partie des nuits de sa vie à élever et à soigner les chevaux. Mais Cais choisit, pour monter son cheval Dahis, un écuyer de la tribu d’Abs, bien plus instruit et bien plus exercé dans son art que le Dibyanien ; et quand les deux antagonistes furent montés chacun sur son cheval, le roi Cais donna cette instruction à son écuyer :

« Ne lâche pas trop les rênes à Dahis ! Si tu t’aperçois qu’il sue, tiens-toi sur l’étrier, et presse-lui doucement les flancs avec tes jambes ; mais si tu le pousses trop, tu lui ôteras tout son courage. »

Hadifah entendit ce que venait de dire Cais, et, voulant l’imiter, il répéta :

« Ne lâche pas trop les rênes à Ghabra ! Si tu t’aperçois qu’elle sue, tiens-toi sur l’étrier, et presse-lui doucement les flancs avec tes jambes ; mais si tu la pousses trop, tu lui ôteras tout son courage. »

Antar se mit à rire. « Par la foi d’un Arabe ! dit-il à Hadifah, vous serez vaincu. Eh ! les expressions sont-elles si rares, que vous soyez forcé d’employer précisément celles de Cais ? Mais, au fait, Cais est un roi et le fils d’un roi ; il