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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/389

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doit toujours être imité ; et puisque vous l’avez suivi mot à mot dans ce qu’il a dit, c’est la preuve que votre cheval suivra le sien dans le désert. »

À ces mots, Hadifah, le cœur gonflé de colère et d’indignation, jura par serment qu’il ne laisserait pas courir son cheval en ce jour, et qu’il voulait que la course n’eût lieu que le lendemain, au lever du soleil. Au fait, ce délai lui paraissait indispensable pour préparer la perfidie qu’il méditait ; car il n’eut pas plus tôt aperçu Dahis, qu’il resta interdit de l’étonnement que lui causèrent la beauté et les perfections de ce cheval.

Les juges étaient donc déjà descendus de cheval, et les cavaliers des différentes tribus se préparaient à retourner chez eux, quand Chaiboud se mit à crier d’une voix retentissante : « Tribus d’Abs, d’Adnan, de Fazarah et de Dibyan, et vous tous qui êtes ici présents, attendez un instant pour moi, et écoutez des paroles qui seront répétées de génération en génération ! » Tous les guerriers s’arrêtèrent : « Parle, dirent-ils ; que veux-tu ? Peut-être y aura-t-il quelque chose de bon dans tes paroles. — Ô illustres Arabes, dit alors Chaiboud, vous savez ce qui s’est passé à propos du défi entre Dahis et Ghabra : en bien, je vous assure sur ma vie que je les vaincrai tous deux à la course, quand bien même ils seraient plus vites que le vent. Mais voici ma condition : Si je suis vainqueur, je prendrai les cent chameaux mis en gage ; que si, au contraire, je suis vaincu, je n’en donnerai que cinquante. » Sur cela un des scheiks de Fazarah se récria, en disant : « Qu’est-ce que tu dis là, vil esclave ? Pourquoi prendrais-tu cent chameaux si tu gagnes, et n’en don-