Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/240

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presque toutes les époques de la Révolution venaient souvent affliger mon cœur, j’espérais que la loi reprendrait de la force, et qu’en approchant du terme de vos travaux, chaque jour lui rendrait ce respect sans lequel le peuple ne peut avoir de liberté ni le roi de bonheur. J’ai persisté longtemps dans cette espérance, et ma résolution n’a changé qu’au moment où je n’ai plus pu espérer. Qu’on se souvienne du moment où j’ai quitté Paris : le désordre était à son comble ; la licence des écrits, l’audace des partis ne respectaient plus rien. Alors, je l’avoue, si vous m’eussiez présenté la constitution, je n’aurais pas cru devoir l’accepter.

» Tout a changé. Vous avez manifesté le désir de rétablir l’ordre, vous avez revisé plusieurs articles ; le vœu du peuple n’est plus douteux pour moi : j’accepte donc la constitution sous de meilleurs auspices ; je renonce même librement au concours que j’avais réclamé dans ce travail, et je déclare que, quand j’y renonce, nul autre que moi n’aurait le droit de le revendiquer. Sans doute j’aperçois encore quelques perfectionnements désirables à la constitution, mais je consens à ce que l’expérience en soit juge. Lorsque j’aurai fait agir avec loyauté les moyens de gouvernement qui me sont remis, aucun reproche ne pourra m’être adressé, et la nation s’expliquera par les moyens que la constitution lui a réservés. (Applaudissements.) Que ceux qui seraient retenus par la crainte des persécutions ou des troubles hors de leur patrie puissent y rentrer avec sûreté. Pour éteindre les haines, consentons à un mutuel oubli du passé. (Les tribunes et la gauche renouvellent leurs acclamations.) Que les accusations et les poursuites qui n’ont pour cause que les événements de la