Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/241

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Révolution soient éteintes dans une réconciliation générale. Je ne parle pas de ceux qui n’ont été déterminés que par leur attachement pour moi. Pourriez-vous y voir des coupables ? Quant à ceux qui, par des excès où je pourrais apercevoir des injures personnelles, ont attiré sur eux la poursuite des lois, je prouve à leur égard que je suis le roi de tous les Français. Je veux jurer la constitution dans le lieu même où elle a été faite, et je me rendrai demain, à midi, à l’Assemblée nationale. »

L’assemblée adopta à l’unanimité, sur la proposition de La Fayette, l’amnistie générale demandée par le roi. Une nombreuse députation alla lui porter ce décret. La reine était présente : « Voilà ma femme et mes enfants, dit le roi à la députation ; ils partagent mes sentiments. » La reine, qui avait besoin de se réconcilier avec l’opinion publique, s’avança et dit : « Voici mes enfants, nous accourons tous, et nous partageons tous les sentiments du roi. » Ces paroles rapportées à l’Assemblée préparèrent les cœurs au pardon que la royauté venait implorer. Le lendemain le roi parut à l’Assemblée. Il ne portait d’autre décoration que la croix de Saint-Louis, par déférence à un décret récent qui supprimait les autres ordres de chevalerie. Il se plaça à côté du président. L’Assemblée était debout. « Je viens, dit le roi, consacrer ici solennellement l’acceptation que j’ai donnée à l’acte constitutionnel. Je jure d’être fidèle à la nation et à la loi, et d’employer tout le pouvoir qui m’est délégué à maintenir la constitution et à faire exécuter les décrets. Puisse cette grande et mémorable époque être celle du rétablissement de la paix, et devenir le gage du bonheur du peuple et de la prospérité de l’empire ! » Les applaudissements unanimes de la salle et des tribunes, passionnés pour la