Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/245

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plus constitutionnelles. Elle dit au roi : « Ce n’est plus le même peuple ; » et prenant son fils dans ses bras, elle le montra à la foule qui ondoyait sur la terrasse du château, et sembla se couvrir ainsi, aux yeux du peuple, de cette innocence de l’âge et de cet intérêt de la maternité.

Le roi donna, quelques jours après, une fête au peuple de Paris, et distribua d’abondantes aumônes aux indigents. Il voulut que le malheureux même eût son jour de joie à l’ouverture de cette ère de félicité que sa réconciliation avec son peuple promettait à son règne. Le Te Deum fut chanté dans la cathédrale de Paris, comme en un jour de victoire, pour bénir le berceau de la constitution française. Enfin, le 30 septembre, le roi vint en personne faire la clôture de l’Assemblée constituante. Avant son arrivée dans la salle, Bailly, au nom de la municipalité, Pastoret, au nom du département, félicitèrent l’Assemblée de l’achèvement de son œuvre : « Législateurs, dit Bailly, vous avez été armés du plus grand pouvoir dont les hommes puissent être revêtus. Demain vous ne serez plus rien. Ce n’est donc ni l’intérêt, ni la flatterie, qui vous louent : ce sont vos œuvres. Nous vous annonçons les bénédictions de la postérité, qui commence aujourd’hui pour vous ! » — « La liberté, dit Pastoret, avait fui au delà des mers, ou s’était réfugiée dans les montagnes : vous avez relevé son trône abattu. Le despotisme avait effacé toutes les pages du livre de la nature : vous avez rétabli le décalogue des hommes libres ! »