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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/286

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sans offrir les mêmes dangers pour l’Allemagne ; n’était-il pas plus sage de former une ligue générale de toutes les puissances de l’Europe, d’entourer la France d’un cercle de baïonnettes, et de sommer le parti triomphant de rendre la liberté au roi, la dignité au trône et la sécurité au continent ? « Si la nation française s’y refuse, ajouta l’empereur, eh bien, nous la menacerons, dans un manifeste, d’une invasion générale, et, si cela devient nécessaire, nous l’écraserons sous la masse irrésistible de toutes les forces de l’Europe réunies. » Tels étaient les conseils de ce génie temporisateur de l’empire, qui attend toujours la nécessité, qui ne la devance jamais, et qui veut tout assurer sans rien risquer.


XVI

Le roi de Prusse, plus impatient et plus menacé, avoua à l’empereur qu’il ne croyait pas à l’effet de ces menaces. « La prudence, dit-il à l’empereur, est une arme insuffisante contre l’audace. La défensive est une position timide devant la révolution. Il faut l’attaquer dans son berceau. Donner du temps aux principes français, c’est leur donner de la force. Parlementer avec l’insurrection des peuples, c’est montrer qu’on la craint et qu’on est disposé à pactiser avec elle. Il faut surprendre la France en flagrant délit d’anarchie, et ne lancer le manifeste européen qu’après que les armées auront franchi les frontières et que les