armes déjà triomphantes auront donné de l’autorité aux paroles. »
L’empereur parut ébranlé ; il insista néanmoins sur les dangers qu’une brusque invasion ferait à courir à Louis XVI ; il montra des lettres de ce prince ; il confia que le marquis de Noailles et M. de Montmorin, l’un ambassadeur de France à Vienne, l’autre ministre des affaires étrangères à Paris, tous deux dévoués au roi, faisaient espérer à la cour de Vienne le prompt rétablissement de l’ordre et des modifications monarchiques à la constitution en France. Il demanda de suspendre toute décision jusqu’au mois de septembre, en préparant néanmoins jusque-là tous les moyens militaires des deux puissances.
La scène changea le lendemain à l’arrivée du comte d’Artois. Ce jeune prince avait reçu de la nature tout l’extérieur d’un chevalier. Il parlait à des souverains au nom des trônes ; il parlait à l’empereur au nom d’une sœur détrônée et outragée par ses sujets. L’émigration tout entière, avec ses malheurs, sa noblesse, sa valeur et ses illusions, semblait personnifiée en lui. Le marquis de Bouillé, M. de Calonne, le génie de la guerre et le génie de l’intrigue, l’avaient suivi à ces conférences. Il obtint plusieurs audiences des deux souverains. Il parla avec force et avec respect contre le système de temporisation de l’empereur. Il fit violence à la lenteur germanique. L’empereur et le roi de Prusse autorisèrent le baron de Spielman pour l’Autriche, le baron de Bischofswerder pour la Prusse, et M. de Calonne pour la France, à se réunir le soir même et à concerter un projet de déclaration qui serait présenté à la signature des monarques.
Le baron de Spielman, sous l’inspiration directe de l’em-