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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/303

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XXII

Le même parti tenta, vers le même temps, de conquérir à la France un souverain dont la renommée pesait autant qu’un trône dans l’opinion de l’Europe. C’était le duc de Brunswick, élève du grand Frédéric, héritier présumé de sa science et de ses inspirations militaires, et proclamé d’avance par la voix publique généralissime dans la guerre future contre la France. Enlever à l’empereur et au roi de Prusse ce chef de leurs armées, c’était enlever à l’Allemagne la confiance et la victoire.

Le nom du duc de Brunswick était un prestige qui couvrait l’Allemagne d’une sorte de terreur et d’inviolabilité. Madame de Staël et son parti le tentèrent. Cette négociation secrète fut concertée entre madame de Staël, M. de Narbonne, M. de La Fayette et M. de Talleyrand. M. de Custine, fils du général de ce nom, fut choisi pour porter au duc de Brunswick les paroles du parti constitutionnel. Le jeune négociateur était heureusement préparé pour cette mission. Spirituel, séduisant, instruit, fanatique d’admiration pour la tactique prussienne et pour le duc de Brunswick, dont il était allé prendre les leçons à Berlin, il inspirait d’avance confiance à ce prince. Il lui porta l’offre du titre de généralissime des armées françaises, d’un traitement de trois millions et d’un établissement en France équivalent à ses possessions et à son rang dans l’Empire.