soumise, la dictature pouvait cesser. Le roi ou sa dynastie pouvait remonter sans péril sur un trône dont les grands orages étaient écartés. Cette république véritable aurait repris le nom de monarchie constitutionnelle, sans rien échanger. On aurait replacé la statue de la royauté au sommet, quand le piédestal aurait été consolidé. Un tel acte eût été le consulat du peuple : bien supérieur à ce consulat d’un homme, qui ne devait finir que par le ravage de l’Europe et par la double usurpation du trône et de la Révolution.
Ou bien, si, à l’expiration de cette dictature nationale, la nation bien gouvernée eût trouvé le trône dangereux ou inutile à rétablir, qui l’empêchait de dire au monde : « Ce que j’ai assumé comme dictature, je le consacre comme gouvernement définitif. Je proclame la République française comme le seul gouvernement suffisant à l’énergie d’une époque rénovatrice ; car la république c’est la dictature perpétuée et constituée du peuple. À quoi bon un trône ? Je reste debout. C’est l’attitude d’un peuple en travail ! »
En résumé, l’Assemblée constituante, dont la pensée éclaira le globe, dont l’audace transforma en deux ans un empire, n’eut qu’un tort à la fin de son œuvre : c’est de se reposer. Elle devait se perpétuer, elle abdiqua. Une nation qui abdique après deux ans de règne et sur des monceaux de ruines lègue le sceptre à l’anarchie. Le roi ne pouvait plus régner, la nation ne voulut pas régner : les factions régnèrent. La Révolution périt non pas pour avoir trop voulu, mais pour n’avoir pas assez osé. Tant il est vrai que les timidités des nations ne sont pas moins funestes que les faiblesses des rois, et qu’un peuple qui ne sait pas prendre et