que la guerre ; j’ai prouvé que la guerre, conseillée par des hommes suspects, n’était, entre les mains du pouvoir exécutif, qu’un moyen d’anéantir la constitution, que le dénoûment d’une trame ourdie contre la Révolution. Favoriser ces plans de guerre sous quelque prétexte que ce soit, c’est donc s’associer aux trahisons contre la Révolution. Tout le patriotisme du monde, tous les lieux communs prétendus politiques ne changent rien à la nature des choses. Prêcher comme M. Brissot et ses amis la confiance dans le pouvoir exécutif, appeler la faveur publique sur les généraux, c’est donc désarmer la Révolution de sa dernière sûreté, la vigilance et l’énergie de la nation. Dans l’horrible situation où nous ont conduits le despotisme, la légèreté, l’intrigue, la trahison, l’aveuglement général, je ne prends conseil que de mon cœur et de ma conscience ; je n’ai d’égard que pour la vérité, de condescendance que pour ma patrie. Je sais que des patriotes blâment la franchise avec laquelle je présente le tableau décourageant de notre situation. Je ne me dissimule pas ma faute. La vérité n’est-elle pas déjà assez coupable d’être la vérité ? Ah ! pourvu que le sommeil soit doux, qu’importe qu’on se réveille au bruit des chaînes de son pays et dans le calme de la servitude ? Ne troublons donc plus la quiétude de ces heureux patriotes. Non, mais qu’ils sachent que sans vertige et sans peur nous pouvons mesurer toute la profondeur de l’abîme. Arborons la devise du palatin de Posnanie : Je préfère les orages de la liberté à la sécurité de l’esclavage. Si le moment de l’émancipation n’était pas encore arrivé, nous aurions la patience de l’attendre. Si cette génération n’était destinée qu’à s’agiter dans la fange des vices où le despotisme l’a plongée ; si le théâtre de notre révolution ne devait présenter aux yeux de
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