testait que l’armée ne séparait pas, dans son attachement à la patrie, l’Assemblée du roi. Il glorifiait d’avance les chefs des troupes. Il nomma Bochambeau à l’armée du Nord ; Berthier, à Metz ; Biron, à Lille ; Luckner, La Fayette, sur le Rhin. Il parla de plans de campagne concertés par les ordres du roi entre ces généraux. Il énuméra les gardes nationales prêtes à servir de seconde ligne à l’armée active. Il sollicita leur prompt armement. Il dépeignit ces volontaires comme donnant à l’armée le plus imposant des caractères, celui de la force et de la volonté nationales. Il répondit des officiers qui avaient prêté serment à la constitution, il excusa ceux qui le refuseraient de ne pas vouloir être des traîtres. Il encouragea l’Assemblée à la défiance envers les douteux. « La défiance, dit-il, est dans ces temps d’orages le plus naturel, mais le plus dangereux des sentiments. La confiance engage. Il importe au peuple de montrer qu’il ne peut avoir que des amis. » Il annonça un effectif de cent dix mille hommes d’infanterie et de vingt mille hommes de cavalerie prêts à entrer en campagne.
Ce rapport, loué par Brissot dans ses feuilles et applaudi par les Girondins dans l’Assemblée, ne laissa plus de prétexte à ceux qui voulaient ajourner la lutte. La France sentait ses forces à la hauteur de sa colère. Rien ne pouvait plus la contenir. L’impopularité croissante du roi ajoutait à l’irritation des esprits. Deux fois déjà il avait arrêté, en y opposant son veto, l’effet des mesures énergiques décrétées par l’Assemblée : le décret contre les émigrés et le décret contre les prêtres non assermentés. Ces deux veto, dont l’un lui était commandé par son honneur, l’autre par sa conscience, étaient deux armes terribles que la constitution