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à son poste ; en vain le ministre de la justice demanda la punition de cet assassinat commis en plein jour, à la face d’une ville entière ; en vain décerna-t-on un sabre et une médaille d’or au généreux citoyen, nommé Lanvergent, sauveur de Lajaille : la crainte d’une insurrection plus terrible assurait l’impunité aux coupables et retenait l’innocent en prison. À la veille d’une guerre imminente, les officiers de la marine, assaillis par l’insurrection à bord des vaisseaux et par l’assassinat dans les ports, avaient autant à redouter leurs équipages que l’ennemi.


XIV

Les mêmes discordes étaient fomentées dans toutes les garnisons entre les soldats et les officiers. L’insubordination des soldats était, aux yeux des clubs, la vertu de l’armée. Le peuple se rangeait partout du côté de la troupe indisciplinée. Les officiers étaient sans cesse menacés par les conspirations dans les régiments. Les villes de guerre étaient le théâtre continuel d’émeutes militaires, qui finissaient par l’impunité du soldat et par l’emprisonnement ou par l’émigration forcée des officiers. L’Assemblée, juge suprême et partial, donnait toujours raison à l’indiscipline. Ne pouvant refréner le peuple, elle le flattait dans ses excès. Perpignan en fut un nouvel exemple.

Dans la nuit du 6 décembre, les officiers du régiment de Cambrésis, en garnison dans cette ville, allèrent en corps