chez M. de Chollet, général commandant la division, et le pressèrent de se retirer dans la citadelle, informés, lui dirent-ils, d’une conspiration dans les régiments, qui mettait sa vie et la leur en danger. M. de Chollet, vaincu par eux, se rendit à la citadelle. Les officiers se portent aux casernes et somment leurs troupes de se rendre à la citadelle avec eux. Les soldats répondent qu’ils n’obéiront qu’à la voix de M. Desbordes, lieutenant-colonel, dont le patriotisme leur inspire confiance. M. Desbordes arrive, lit aux soldats l’ordre du général. Mais le son de sa voix, l’expression de sa physionomie, son regard, protestent contre l’ordre que la loi de la discipline l’oblige à communiquer. Les soldats comprennent ce langage muet. Ils s’écrient qu’ils ne quitteront pas leur quartier, parce qu’ils y sont consignés par la municipalité. La garde nationale se mêle à eux et parcourt la ville en patrouille. Les officiers s’enferment dans la citadelle. Des coups de fusil partent des remparts. Le lieutenant-colonel Desbordes, la garde nationale, la gendarmerie, les régiments, montent à la citadelle et s’en emparent. Les officiers du régiment de Cambrésis sont emprisonnés par leurs soldats. L’un d’eux s’échappe, et se tue de désespoir en touchant à la frontière d’Espagne. L’infortuné général Chollet, victime d’une double violence, celle des officiers et celle des soldats, est décrété d’accusation avec cinquante officiers ou habitants de Perpignan. Ce sont cinquante victimes traduites à la haute cour nationale d’Orléans et prédestinées au massacre de Versailles.
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