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LETTRE A ALPHONSE KARR,

jardinier.

 

Esprit de bonne humeur et gaîté sans malice,
Qui même en le grondant badine avec le vice,
Et qui, levant la main sans frapper jusqu’aux pleurs,
Ne fustige les sots qu’avec un fouet de fleurs !
Nice t’a donc prêté le bord de ses corniches
Pour te faire au soleil le nid d’algue où tu niches ;
C’est donc là que se mêle au bruit des flots dormants
Le bruit rêveur et gai de tes gazouillements !

Oh ! que ne puis-je, hélas! de plus près les entendre !
Oh ! que la liberté lente se fait attendre !
Quand pourrai-je, à ce monde ayant payé rançon,
Suspendre comme toi ma veste à ton buisson,
Et, déchaussant mes pieds saignants de dards sans nombre,
Te dire en t’embrassant : « Ami, vite un peu d’ombre !