Page:Lamartine - Cours familier de littérature, un entretien par mois, 1858.djvu/26

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Nous avons trop hâlé notre front et nos mains
Aux soleils, au roulis des océans humains ;
Echappés tous les deux d’un naufrage semblable,
Faisons-nous sur la plage un oreiller de sable,
Et qu’insensiblement, flot à flot, pli sur pli,
La marée en montant nous submerge d’oubli ! »

Il faut à tout beau soir son Jardin des Olives !

N’est-il pas, sur le bord du champ que tu cultives,
Parmi les citronniers, les cyprès et les buis,
Un maigre champ portant sa maison et son puits ?
Le figuier, tronc qui vit et qui meurt avec l’homme,
N’y fait-il pas briller sa figue en pleurs de gomme ?
N’y pend-il pas aux murs ses rameaux tortueux,
Comme pour subsister ou crouler avec eux ?
Vingt ou trente oliviers, à l’ombre diaphane,
N’y sont-ils pas penchés par la corde de l’âne ?
Sur l’écorce en lambeaux de leurs troncs écaillés
N’y voit-on pas courir les lézards éveillés ?
N’entend-on pas, au creux du sillon qui la brûle,
La cigale aux cent voix chanter la canicule ?
Dans le ravin plus vert, sous l’ombre du coteau,