Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/107

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laissé mon ouvrage ; pardonnez-moi à votre tour d’avoir dérangé votre repos du dimanche. Je reviendrai encore, si cela ne vous fait pas d’ennui, parler avec vous, de temps en temps, de Dieu, et même le prier avec vous, dans votre langue, Claude. Car je suis bien loin de vivre en entretien perpétuel avec lui comme vous ; bien plus loin encore de lui garder dans mon âme un sanctuaire aussi pur et aussi vide des vanités humaines que celui qu’il s’est préparé dans votre solitude et dans votre repos. Mon âme court avec le flot d’une vie agitée et bruyante tout ce qui court écume ; mais, sous cette écume de la surface de ma vie, j’ai gardé cependant, comme ces coupes de rocher au fond de votre ravin, quelques gouttes claires des eaux de mon âme, où j’aime à réfléchir un coin du ciel, à contempler comme vous ces ombres flottantes de Dieu. Je ne le sers pas comme vous de toutes mes forces ; cependant je l’aime et je le prie de tout mon cœur et de toute mon intelligence. Quelquefois même je lui chante des hymnes. Mais mon cantique ne vaut pas le vôtre, Claude ; mes cantiques sont des mots qui remplissent l’oreille les vôtres sont des actes qui servent les hommes. Je ne suis digne de votre entretien que par le goût que j’ai