Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/16

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autour de l’église des hameaux. Ces vieilles tours, minées à leur base par le temps, qui les a fait craquer et se fendre sous le poids, décapitées à leurs sommets de la flèche qui les élevait jadis dans le ciel, et ne servant plus aujourd’hui qu’à flanquer un lourd massif carré de pierre brute, percé d’un escalier tournant et de quelques chambres voûtées, voilà ma demeure.

J’ai semé des gazons, j’ai tracé des allées sablées dans les bosquets de noisetiers qui l’entourent ; j’ai enfermé dans une enceinte de murs quelques arpents de terre et de prés qui suivent les ondulations et les caprices de la colline ; j’ai préservé de la faux ou de la hache du fermier quelques grands arbres dont les rameaux m’ont remercié en s’étendant sur mes pelouses. J’ai percé quelques portes et quelques fenêtres dans les murs de cinq pieds d’épaisseur du vieux manoir ; j’ai attaché à la façade principale une galerie massive de pierres sculptées sur le modèle des vieilles balustrades gothiques d’Oxford. C’est sur cette galerie que les hôtes de la maison se promènent le matin au soleil levant ou s’assoient le soir, à l’ombre immense des tours, sur le pré en pente. On y attache à des clous les cages des oiseaux ;