Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/17

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les chiens s’y couchent à nos pieds sur les dalles tièdes ; des paons familiers, qui peuplent les jardins, à qui nous émiettions du pain dans leur enfance et qui s’en souviennent, perchent jour et nuit sur le parapet de la balustrade, leur queue brillant au soleil et flottant au vent. Ils bordent d’une rangée de cariatides vivantes cette lourde galerie de pierres, comme les cigognes forment des créneaux vivants de leur blanc plumage au bord des toits des villages de l’Asie.

VIII.

La vue s’étend de là, en descendant et en remontant, sur la plus belle partie de la vallée de Saint-Point. L’œil d’abord glisse sur des prés en pente rapide. Ils vont mourir dans une prairie nivelée par les eaux. Cette prairie est traversée au milieu par la rivière de la Vallouze. De gros noyers au feuillage de bronze, immobile comme des feuilles de métal, des peupliers blancs aux troncs tordus par les rafales et au feuillage plus chevelu et plus blanc que la tête d’un vieillard encore vert, des peupliers, ces cyprès d’Europe, des vernes, des bouleaux, des aulnes in-