Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/186

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de nos souffles qui se répandait tout doucement quand les oiseaux restaient silencieux, et qui nous faisait entendre que nous étions deux, voilà, monsieur, la plupart du temps, comment nous passions les heures, ah ! les belles heures d’été pendant les semaines où nous devions nous parler. Et puis nous revenions, quand les ombres s’allongeaient, d’un pas quasi aussi lent que ces ombres sur le penchant de la montagne. Nous n’avions pas marché, monsieur, nous nous étions reposés tout un soir, et pourtant il semblait que nous ne pouvions pas nous lever de ces roches, et nous traînions à terre des pieds aussi lents et aussi fatigués que si nous avions labouré ou sarclé tout le jour au soleil.

V.

Il faut tout dire : je n’étais pas le même ouvrier qu’avant dans mes chantiers, ni elle la même ouvrière à la maison. Je descendais tard, je remontais tôt, je travaillais sans cœur au métier. Je m’ennuyais maintenant d’être seul, moi qui avais tant aimé autrefois de ne voir autour de moi se remuer que