Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/228

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nous sommes tous bêtes quand nous parlons du bon Dieu. D’ailleurs, continua-t-il, quand même cela serait inutile, c’est égal, c’est toujours si consolant de parler là-haut !

Moi. — Et quelles prières lui faisiez-vous le plus souvent, Claude ?

Lui. — Oh ! je me rappellerais plutôt, monsieur, l’impression de tous les souffles qui ont traversé mes lèvres depuis que je respire, que les mots et les sons de toutes les prières que je lui ai adressées ; car il en est bien, sans mentir, sorti de mon cœur à peu près autant qu’il est sorti de souffles de ma respiration. Tenez, mon cœur en est devenu gros de soupirs sous mes côtes.

D’abord, je savais la prière que ma mère m’avait apprise par cœur quand j’étais petit, la prière de Jésus-Christ, qu’il laissa aux hommes comme une langue qu’on entendait là-haut : Notre Père, qui êtes au ciel ! vous savez ? Il y a à peu près là tout ce qu’on peut demander. C’est comme un gros sou dans la poche, contre lequel on vous donne partout un morceau de pain.