Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/271

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malade, mais qu’au moins je pourrais lui dire adieu et recevoir sa bénédiction avant son décès. Le cœur me fendit et je me pris à pleurer.

XX.

Je passai la main contre la vitre pour effacer le brouillard de mon souffle qui m’empêchait de nouveau de tout voir dans la chambre, et voilà ce que je vis :

D’abord, l’escabeau de ma mère auprès du feu était vide on avait mis dessus le coffre à sel et le sac de farine de blé noir. Je compris que ma mère ne sortait plus du lit depuis longtemps, et que sa place était pour jamais vacante au coin de la cendre.

Ensuite, je vis le petit trépied de bois de noyer sur lequel s’asseyait tous les soirs mon frère pour tiller le chanvre, renversé, les pieds en l’air, dans un coin de la chambre. Son bâton d’aveugle, qu’il tenait toujours entre les jambes, même à la maison, pour toucher de loin ceci ou cela, était rangé avec des manches de pioche et de râteau contre le mur,