Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/288

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Puis je vins relever et consoler Denise à moitié évanouie de sa peur, et je la soutins dans mes bras pour la ramener toute tremblante à la maison et pour la rasseoir sur le banc de bois auprès de la nappe.

IX.

« Est-ce bien vous, Claude, sous ces pauvres habits ? me dit-elle. — Est-ce bien toi, mon pauvre enfant, sous cette besace de mendiant ? Est-ce que la maison est assez malheureuse pour qu’un enfant des Huttes si gentil au travail et si serviable aux autres cherche aujourd’hui son pain de porte en porte ? Ah ! mon Dieu !…

Je les rassurai bien vite en leur avouant pourquoi j’avais changé d’habits avec l’idiot sur la côte de Milly afin de ne pas être reconnu des bergers et de savoir des nouvelles de la maison, sans y rentrer pourtant si… Je n’osai pas achever toute ma pensée, de peur de rappeler le passé à Denise ; mais je tirai du gousset de mon gilet une poignée de pièces de trente sous que j’avais gagnées et mises de