Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/289

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côté cette fois, à Lyon et à Mâcon, pour la maison, si on avait besoin d’argent, et je montrai à ma mère et à Denise les manches de ma chemise qui était de belle toile de coton rayée, comme les plus fières filles du pays auraient été bien heureuses d’en avoir de pareille pour se faire des gorgères ou des tabliers.

À ces signes les deux femmes restèrent convaincues que je n’étais pas devenu un mauvais sujet et un mendiant rentrant chez lui pour avilir sa famille.

X.

Elles me firent boire et manger avec les enfants, qui s’accoutumaient à moi et qui riaient en s’affublant du manteau et de la besace du mendiant. Je leur racontai en peu de mots mes voyages de tour de France. Mon Dieu ! Que le monde est grand ! disaient-elles à mes racontances. Denise devint toute pâle quand ma mère me demanda si je n’avais pas fait rencontre d’une fille qui me plût et si je n’étais fiancé avec aucune. Puis Denise devint toute rouge et sortit, sous couleur d’aller donner de l’herbe aux