Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/307

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travaillant dans mon chantier, je remontai aux Huttes qu’il était déjà quasi nuit, et en chantant si haut que ma voix faisait sauver les oiseaux déjà couchés dans les buissons et sur les arbres.

VIII.

Je ne pensais qu’à mon bonheur d’être le lendemain le compère de Denise, et de redescendre là avec elle, qui aurait un gros bouquet à sa gorgère, et un autre d’œillets rouges sur sa coiffe. Je la voyais d’avance à mon bras, avec ses beaux souliers aux pieds ou à la main, de peur de les déchirer sur les cailloux. J’avais tout à fait oublié que c’était aussi la veille de la Saint-Jean, le soir où l’on promène des torches de paille enflammée et des mâts de sapin allumés sur les montagnes.

En approchant de mon chantier dans l’ombre, j’entendis quelques bruits dans les feuilles, et comme un chuchotement de voix de femmes et d’enfants de l’autre côté de la carrière, tout en haut, sous le grand sapin. Je m’arrêtai et je me dis : Ce